À propos

La Marche Saint-Pierre de Morialmé s'inscrit dans la tradition des processions religieuses accompagnées d'une escorte militaire. Elle est reconnue par l'association des marches folkloriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse et depuis 2012, inscrite au patrimoine immatériel de l'Unesco au même titre qu'une dizaine d'autres marches.

Découvrons ensemble son origine, ses uniformes et sa particularité.

Les origines

Au 19ème siècle, la fièvre des marais faisait des ravages parmi la population de l'Entre-Sambre-et-Meuse. Beaucoup d'habitants mourraient et des villages entiers ont été décimés. Morialmé n'a pas échappé à cette épidémie. Le curé de l'époque ne sachant plus que faire, se tourna vers Saint-Pierre et promit une procession en son honneur si les habitants du village guérissaient.

Aux alentours du 29 juin, jour de Saint-Pierre, la procession s'organisa, escortée par les hommes qui pouvaient marcher.

Peu après, le village renaissait et les malades étaient guéris.

Depuis 1854, année de la première, elle ne s'est interrompue que lors des deux guerres mondiales et lors de la pandémie en 2020.

Le tour (environ 4km) reste inchangé. Au départ de la place du village, les compagnies se rendent à la chapelle Saint-Pierre. Celle-ci est située en pleine campagne. Elles descendent ensuite vers le lieu dit Poucet avant de remonter vers le Donveau et la chapelle Notre-Dame de Baneux. Vient ensuite la rentrée sur la grand place.

Les uniformes de Morialmé

A Morialmé, le premier costume porté était le sarrau bleu, le pantalon blanc, la casquette et le foulard rouge. C'est encore ce costume qui est utilisé lors des délégations du village dans d'autres marches.

Mais durant la Saint-Pierre, qui a toujours lieu le week-end qui suit le 29 juin, les hommes portent des uniformes inspirés de ceux de l'armée belge et française du 19ème siècle.

Il en est de même pour de nombreuses marches, certaines portant également d'autres uniformes étant inspirés de ceux de l'armée de Napoléon. Mais ce n'est pas pour autant que ce sont des marches napoléoniennes et encore moins des reconstitutions, ce sont deux choses bien distinctes. Les marches de l'Entre-Sambre-et-Meuse sont des processions religieuses accompagnées d'une escorte militaire, les reconstitutions rappellent les campements, batailles ou marches Napoléoniennes.

A Morialmé, plusieurs pelotons se distinguent.

Les sapeurs avec leur tablier blanc, leur veste en queue de pie et leur hache ouvrent la marche. Ils sont menés par le sergent-sapeur et l'adjudant de la compagnie.

Viennent ensuite la musique: les tambours et fifres, suivis de la fanfare. Les tambours sont menés par le tambour-major.

Le drapeau de la compagnie suivi des chevaux, précèdent le peloton des grenadiers, tireurs au pantalon blanc et veste noire.

Les zouaves, reconnaissables à leur pantalon rouge, terminent le défilé. Ces deux derniers pelotons sont menés par un capitaine et ses sergents.

Sur la photo ci-contre (ci-dessus sur smartphone), vous avez un aperçu des officiers de chaque peloton.

Particularité de Morialmé

A Morialmé, depuis 1892, il existe deux compagnies...identiques !

Une compagnie est composée de pelotons, nous l'avons vu ci-dessus.

Dans mon village, les deux compagnies défilent aux mêmes dates, suivent le même itinéraire dans les grandes lignes, portent les mêmes uniformes, ont les mêmes pelotons mais sont bien distinctes.

Cela remonte à une querelle idéologique, liée à la politique de la fin du 19ème siècle. C'est ainsi que la compagnie des "Amis Réunis" ne se rend pas à la messe et est dite "libérale" et la Compagnie "Les Patriotes" est dite catholique et participe à tous les offices religieux de la Saint-Pierre.

Beaucoup voient les marches comme une beuverie géante... Bien sûr, il y a, comme partout, des idiots qui n'y comprennent rien et qui viennent pour boire. S'ils comprenaient ce que représente notre folklore pour nous marcheurs, ils sauraient qu'il coule dans nos veines, qu'il fait partie de nous.... Que pour nous marcher, c'est faire partie d'un peloton, d'une compagnie, c'est se retrouver après un an comme si on s'était vu hier, c'est partager des moments ensemble, c'est faire vivre et perdurer des traditions, c'est faire parler la poudre et marcher au pas des tambours et fifres... Et puis tellement d'autres choses qu'il faut vivre pour le comprendre !

Les marches de l'Entre-Sambre-et-Meuse, c'est mon folklore et j'en suis fière!

On l'attend pendant un an...À peine le costume remis qu'on recommence à décompter les jours.... Et puis petit à petit, elle approche... Les drapeaux apparaissent aux facades....1 mois...3 semaines, ça y est, c'est la première sortie...On frisonne d'entendre résonner à nouveau les tambours dans nos rues...Ça diminue ...L'effervescence commence, on prépare les pantalons blancs, les gants blancs, les tabliers, ... On frotte les haches, loucets, armes, on cire les chaussures... On taille les haies, on prépare la maison à recevoir du monde... Et puis c'est enfin la remise des costumes, on est heureux de se revoir, on discute avec les uns et les autres...On ne s'est pas vu depuis 1 an (pour certains) mais ca redémarre tout seul...Et là, c'est parti...On reforme les rangs, tous au pas, fier d'appartenir à ce peloton et à la Saint-Pierre... Marcheur ou spectateur, on fait la fête, on boit des verres ensemble, on vit cette marche qui est la nôtre... Le temps d'un week-end, plus de classes sociales, plus de tracas, plus de barrières, on marche ensemble, on se connait tous et on rigole ensemble...C'est la magie de la marche... Et puis vient déjà ce moment cruel : la remise des costumes dans l'autre sens... Bizarrement, ce jour là, personne ne reste bien longtemps, peut être est-ce un moment trop difficile, autant vite s'en acquitter! Et puis on reprend chacun nos vies en repensant au week-end qu'on vient de passer et en envisageant déjà celui de l'année prochaine.... Voilà, c'est ça les marches...